Aujourd’hui, les patients atteints de multiples maladies chroniques et le vieillissement de la population constituent des points de pression majeurs sur le système de santé. Ils poussent les décideurs à trouver de nouvelles solutions en ligne, notamment pour éviter que l’utilisation des services hospitaliers constitue le modèle de soins « par défaut ». La solution pourrait venir des grandes sociétés de télécommunications qui, à la poursuite d’une croissance organique, commencent à explorer ces nouveaux marchés ou à créer des partenariats et collaborations pour intervenir dans le secteur.
Reconnaître les différents degrés de services
Il existe, bien sûr, différents niveaux d’intervention sur les patients : la simple fourniture d’informations, l’influence sur leurs comportements, ou encore l’intervention médicale directe.
Pour répondre à chacun de ces besoins, il existe une variété de services adaptés : pour simplement informer un patient, un site web ou une application suffisent. Des interventions discrètes et minimalistes sous forme « d’aide-mémoire » influencent l’action du patient. L’envoi de sms à des diabétiques leur permet par exemple de suivre leur état de santé jour après jour. Au degré le plus élevé de l’e-santé, le remote monitoring permet de capter des informations sur son état de santé, puis de signaler s’il est nécessaire ou non d’intervenir. On parle « d’early warning » parce que le service est préalable à toute action du patient. Prenons un exemple. Un malade du poumon a du mal à respirer et sa capacité de mouvement est restreinte. Mettre en place une surveillance de ce type permet d’anticiper le problème et de signaler aux soignants qu’il faut agir rapidement et sans attendre l’appel du patient.
Choisir un modèle de gestion et des modes de financement adaptés
Cinq questions ouvertes* autour de la valeur de l’offre doivent être clarifiées afin de déterminer le modèle économique de l’offre, l’éventuel prix du service et de façon plus large, favoriser la croissance du secteur :
- Quel est le véritable objectif et est-il cohérent avec la politique du secteur de la santé ?
- Quelle est la source de financement ?
- Quels services, quels matériaux et quels types de patients seront financés ?
- Quel est le moyen de paiement et sur quelle base s’effectuera le financement ?
- Comment déterminer les prix et les allocations de ressources ? Qui percevra les paiements ?
Les réponses à ces questions varient selon le service proposé. Le networking social, qui répond à la nécessité d’informer, voire d’influencer le patient et les applications mobiles, dont la croissance exponentielle est due à l’accès généralisé aux smartphones et tablettes, peuvent être gratuit pour l’utilisateur ou vendu comme un service, par exemple sur abonnement. Ces deux modèles de gestion sont financés par l’utilisateur.
A l’inverse, un outil payant de suivi du patient sera financé soit par le fournisseur de soin, soit par l’utilisateur.
Les programmes ayant pour objectif de changer l’environnement de soins en les substituant à des solutions e-santé restent à la charge du fournisseur de services, tout en coûtant moins cher que l’infrastructure traditionnelle. Mais il existe toujours un débat autour des coûts : sont-ils véritablement moins conséquents que ceux des modèles de services existants ?
Enfin, l’intervention sur le parcours de soin crée de la valeur par une prise de décision instantanée qui évite des consultations médicales supplémentaires, ou les coûts associés à l’avancement de la maladie.
Une fois la valeur de l’offre déterminée, il est alors possible d’évaluer le business plan et d’estimer les revenus futurs. Pour mesurer le succès de la stratégie e-santé mise en place par l’entreprise télécoms, il convient de se demander si l’objectif poursuivi est cohérent avec la politique du secteur et si l’impact est garanti sur le comportement des patients. Si ce n’est pas le cas, cela requiert de l’industriel qu’il remette en cause son offre, voire annule le développement du produit.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet, n’hésitez pas à me contacter.
*Source : étude menée auprès de cinq pays européens, parrainée par Eucomed (août 2012) : « Moving towards good practice in the reimbursement of Cardiac implantable electronic devices (CIED) tele-monitoring ».